Métatamère !

(Surtout celle des autres.)

En fait, nous apprend Glaude de Brotoli, l'intelligence, c'est nul :

"L'intelligence n'est pas nécessaire".

L'intelligence, c'est même très vilain : ça rend pervers.

"Lorsque l'intelligence humaine exacerbe l'instinct humain de reproduction elle provoque une addiction au sexe."

L'intelligence est coupable d'a peu près tous les maux, et pourtant - Glaude de Brotoli n'est pas à une contradiction près ; c'est que la Métatamère, c'est très compliqué, hein -, notre gourou préféré se revendique d'une intelligence supérieure qui, évidemment, le place au sommet de l'humanité :

Naturellement, être plus intelligent que le monde entier et subir les quolibets de tout le web parce qu'on est bien incapable d'en faire la démonstration, ce doit être assez douloureux à vivre. Vous imaginez, vous croyez dur comme fer que vous êtes un génie, vous n'avez de cesse de vous en flatter, vous le criez sur tous les toits, et tout ce que cela vous rapporte, c'est de cruelles moqueries ? La vache. Pauvre Glaude de Brotoli : nous sommes vraiment trop cons pour lui.

Mais attendez un instant : le Glaude vocifère à qui mieux mieux que "l'intelligence n'est pas nécessaire". Il n'y aurait pas comme un paradoxe, là ? Un de ces paradoxes fondateurs que nous sommes trop vulgaires et incultes pour comprendre, sans doute. Ou alors, la métatamère n'utilise pas le même vocabulaire que le commun des mortels. Ce doit être ça, parce que le Glaude de Brotoli, ben, pour un métagénie, on dirait qu'il s'empêtre souvent dans sa métabouse :

Pourtant, en bon apprenti gourou peu soucieux de la forme, Saint Glaude daigne nous appeler à lui. Il veut bien nous prendre par la métamain pour nous métaguider sur le chemin de la métarévélation - comme c'est généreux, comme c'est original ! Sauve-nous, Glaude de Brotoli ! Sauve-nous de notre stupidité infâme, de nos méchantes femmes exhibitionnistes qui font rien que de nous exciter comme des bêtes, de la viande de porc que c'est du cannibalisme (véridique : voir cet article génial sobrement intitulé La viande de porc) et de nos viles préoccupations matérielles qui nous abrutissent et nous détournent de ta métaclasse ! Tu es si grand et beau, Glaude ! Ouvre-nous les yeux, inculque-nous le métaamour et la métaobéissance pour que nous devenions tes métabrebis !

"Tout n'est pas perdu. Persévérez à m'écouter. Posez vos questions. Investissez-vous avec sincérité. L'évolution de l'outil intelligence, ça se mérite !

Et peut être qu'un jour la nature de métamatière, détentrice et émettrice de l'énergie intelligence, vous fera la grâce de "posez sur vote tête l'étincelle intelligente" qui vous fera évoluer en intelligence. Et là, d'un coup, vous comprendrez tout !! Vous comprendrez toute de la découverte, en très peu de temps."

Oui, nous sortirons la tête de la fange et nous comprendrons tout ! Nous accepterons tout ce que tu nous diras, métaGlaude. Et si on capte pas tout parce qu'on est encore un peu trop débiles, tant pis, on fera semblant : ce qui compte, c'est la cohésion, le respect, que nos esprits soient bien lissés. C'est important, de lisser les esprits. C'est comme ça que Raël, la scientologie, les Eglises et les régimes totalitaires ont réussi. Alors, ça doit être bien, hein, Glaude ?

"Mais vous devez d'abord m'écoutez et posez les bonnes questions. C'est impératif. Le processus d'évolution de l'intelligence est toujours le même quel que soit la fratrie humaine.

Vous serez alors aptes à expliquer l'environnement métamatériel à vos contemporains et aptes les convaincre de leur rôle de responsabilité dans la nature terrestre et dans le nature universelle. Pour lointaine postérité, vous serez reconnus pour avoir activement participé à l'évolution de l'intelligence de notre fratrie humaine."

(Remarquez au passage que le métagénie se fiche éperduement des stériles notions de logique et de syntaxe. Et il a bien raison, maîtriser la langue, c'est déjà maîtriser par trop son esprit critique, ce qui est très très vilain.)

Il s'agit donc de ne poser que les bonnes questions : entendre, celles qui font plaisir à Glaude. Et puis se taire et écouter. Ne surtout pas faire de vagues : au final, la métamachin nous touchera de sa grâce et nous serons récompensés, "couronnés", éternellement reconnus et admirés, et nos esprits marcheront au pas de l'oie sous la houlette de Glaude de Brotoli. Le bâton et la carotte en somme. Le fascisme religieux.

Si c'est pas intelligent, ça...